Les municipalités de Montmagny, de Lac-Mégantic et de Drummondville ont chacune des projets gaziers pour aider les industries qui utilisent le mazout ou le propane à convertir leurs installations vers le gaz naturel. Cette transition est soutenue par le gouvernement Couillard, qui subventionne généreusement Énergir (Gaz Métro) à même le Fonds vert. Les élus ignorent-ils que le gaz naturel non conventionnel que distribue Énergir n’offre aucun avantage concurrentiel par rapport au pétrole et au mazout en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre?
La transition vers le gaz retarde dans les faits une véritable transition vers des énergies sobres en carbone et l’affirmation selon laquelle le gaz «naturel» émet 32% moins de gaz à effet de serre que le mazout ne vaut que si on fait abstraction des fuites de méthane qui se produisent inévitablement dans toutes les infrastructures gazières.
On ne peut donc affirmer que le gaz est une énergie propre que si on fait abstraction de la pollution liée à son mode d’extraction. Comme le gaz que distribue Énergir est essentiellement obtenu par fracturation hydraulique, sa production entraîne une pollution massive de l’eau potable, de l’air, des sols et des nappes phréatiques. Et on ne peut affirmer que le gaz est moins cher que l’électricité qu’en faisant abstraction du fait que l’industrie du gaz de schiste est au bord de l’effondrement. Plusieurs analystes experts du domaine s’entendent en effet pour dire que le gaz est «la bulle boursière de notre époque».Le rendement énergétique sur l’investissement (EROI) est toujours en baisse, c’est à dire qu’il faut toujours plus d’énergie pour en obtenir de moins en moins. Lorsque, dans un avenir que les experts estiment rapproché, les limites de l’approvisionnement seront atteintes, il n’est pas certain que les industries québécoises pourront profiter de généreuses subventions gouvernementales pour faire une nouvelle transition, cette fois vers notre électricité patrimoniale.
Encore une fois, les fonds publics auront servi les intérêts d’une corporation au détriment des besoins de la population. Pourquoi nos élus municipaux ferment-ils les yeux sur tous ces constats?
Louise Morand (L’Assomption en transition) et Denise Laprise (Montmagny en transition)